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En 1768, le chevalier de Kearney dresse les plans
du bassin d'Arcachon. Il ira jusqu'à baliser une nouvelle
passe de sortie du bassin, légèrement au sud de
la pointe du Sud.
Au milieu des passes, une île, l'île de Matoc, qui
dans une lente migration vers le sud, ira bientôt se greffer
à la terre, près de la pointe du Sud.
Le Phare serait ... dans l'eau, la pointe du Sud est largement
à l'intérieur des terres: le lent mouvement du nord
vers le sud va commencer: le Cap Ferret va gagner sur le sud,
la côte en face va s'éroder.
1810 : M. Jules Tassard arrive une quarantaine d'années après le chevalier de Kearney. Le Phare est maintenant dans les sables de la pointe du Ferret, la pointe du Sud s'est rapprochée de l'eau, l'île de Matoc a disparu..
1813 : M. Raoul nous montre la poursuite de l'avancée de la pointe du Ferret vers le Sud, trois ans après les travaux de M. Tassard. Au sud, l'érosion se poursuit. Entre les deux, des bancs que séparent la passe du Sud et celle du nord que l'on voit commencer à s'ouvrir
MM. Beautemps et Beaupré nous livrent ici une vue saisissante du Cap Ferret qui paraît vouloir rejoindre la côte sud et fermer le bassin. Nous sommes en 1826, une soixantaine d'années après les plans du chevalier de Kearney, quand le phare était dans l'eau...
1835 : Onze ans après, la carte dessinée par M. Monnier montre que le Cap Ferret a commencé à refluer vers le nord.
En 1854, l'érosion au sud s'est faite très puissante; des bancs se sont reformés au nord des passes; la passe du sud a remonté au centre. M.Sawicz a retrouvé l'île de Matoc, c'est maintenant un banc de sable parallèle à la côte du sud.
Avec MM. Bouquet de la Grye et Caspari, en 1865, l'île de Matoc a terminé son lent voyage vers le sud : elle est maintenant une presqu'île, dessinant un bassin au sud de la dune du Pilat.
1872 : Nous achevons notre voyage dans le temps de plus
d'un siècle avec une carte de M. Caspari. La presqu'île
de Matoc est encore là mais elle ne tardera pas à
disparaître. La pointe du Ferret a retrouvé "sa"
place, mais elle va continuer à bouger.
Ces quelques cartes nous auront permis de voir que les mouvements
qui affectent les bancs de sable, les "terres", les
passes en général sont incessants et de grande ampleur.
Alors comment imaginer de pouvoir domestiquer une telle puissance
?
La juxtaposition de ces deux cartes donnent l'ampleur
du cauchemar de nos ingénieurs: entre 1768 et 1826, soit
en 58 ans, la pointe du Ferret a avancé de plusieurs kilomètres
vers la côte du sud, qui elle-même a subi une formidable
érosion.
Pour pouvoir comparer ces différents relevés, l'ingénieur
Caspari avait pris la précaution d'y faire figurer la position
du phare du Ferret et de la pointe du Sud en 1872. Pour les rendre
visibles, j'ai rajouté un point rouge pour le phare, et
un point bleu pour la Pointe du sud. Impressionnant, n'est-il
pas ?